“Dites-le avec des lettres”

Je suis responsable de ce que j'écris
Vous êtes responsables de ce que vous lisez.
ouvrez une porte vers l'infini
"Ne parle pas,
ne bouge pas
Sens mes paroles et ressens moi."
Mytifle
Auteure

EXTRAITS DE TEXTES COURTS

MAgique

Ils sont témoins de ce moment en tous points magique.

Où vous portez délicatement ce fragile cadeau de mains à mains.

Il sourit, fier comme un coq de son œuvre si parfaite, si unique.

Tu souffres encore en effleurant sa frêle menotte de ta douce main.

Je me penche vers toi, plongeant dans ton regard fatigué bien qu’émerveillé.

Nous respirons à l’unissons l’odeur sucrée et poudrée de votre bébé.

Poésies

L'histoire folle du père Noël

et de Flammèche

— Père Noël, Père Noël ! PÈRE NOËL !

Sacrerouge, qui avait donc permis à ce lutin d’avoir une voix si aiguë ? La masse ronde s’agita sous les couvertures rouges et blanches et une tête coiffée d’un bonnet tout aussi rouge, émergea de l’entrelacs de tissus pourpres. Encadré de poils plus ou moins longs d’un blanc presque suspect, le visage affichait un air revêche et contrarié du plus décevant effet.

Le reste du corps s’extirpa à grand renforts de bâillements et de grognements, avant que des pieds ridés mais étrangement petits ne tapotent le sol en quête d’un entourage molletonné.

La tête dodelina un instant au-dessus d’un ventre proéminent puis se tourna en direction de la fenêtre avant de se stabiliser.

— Père Noël, Père Noël !

L’homme assis sur le bord du lit grommela quelques paroles incompréhensibles dans sa barbe, se retenant d’invoquer son Seigneur pour le prendre à parti. Quelle ingratitude, quel manque total de respect ! Il avait signé pour offrir de la joie aux enfants, pas pour se faire réveiller par les cris insupportables de Flamèche qui s’évertuait à ne voir en lui que la solution à tous les problèmes pouvant survenir. Enfin, surtout ceux qu’il était si apte à déclencher.

— Père NO…

Le brusque silence amena une moue perplexe et inquiète sur le visage de celui que tous appelaient Papa Noël dans ce village reculé de Laponie. Depuis l’arrivée des premiers Samis*, malheureusement en même temps que lui, ce nom « Laponie » était resté, au grand dam de notre homme qui s’était vainement battu pour faire appeler cette terre La Noëlie. Vous conviendriez que cela sonnait tout de même plus joliment.

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La goutte

de trop

Il y a une semaine jour pour jour qu’elle est partie. Sa fureur et ses accusations résonnent encore dans la pièce accompagnée du martèlement de la pluie sur le toit. Mes yeux fixent le vide à travers mon salon, alors que je me remémore cette fameuse soirée.

— J’ai oublié la blague ! Quel imbécile ! Triple imbécile ! Non mais vraiment, je me mettrais des baffes !

En maugréant, je tentais de convaincre un taxi d’avoir l’obligeance de s’arrêter, mais non. Me voir au bord de l’apoplexie, presque à l’état de liquide humain, ne rendait pas les autres plus enclin à la pitié.

Maria, ma petite amie depuis huit mois, m’attendait au restaurant « La goutte d’O », un petit palace qui ne désemplissait pas depuis l’ouverture. Ils y organisaient des animations et des surprises décoiffantes. J’avais prévu de la demander en mariage, mais sans bague et bloqué sous la pluie, j’avais la sensation d’être dans un film intitulé « mission impossible » .

Excédé par la gerbe d’eau dont me gratifia, sur la tronche, un autre chauffeur insouciant de ma condition, je m’avançai sur la chaussée, bloquant la route au véhicule suivant. Il s’arrêta dans un crissement de pneu du plus bel effet, partit presque en aquaplaning avant de se stabiliser sur le bas-côté. Bigre, j’avais failli créer un accident !

Résolu, j’envoyai bouler tous regrets intempestifs et inutiles dans ma situation actuelle, d’autant que le conducteur, de ce qui s’avéra être une jolie Mercedes gris foncé, ouvrit sa fenêtre et m’adressa un superbe doigt d’honneur.

Dépression

Plongée abyssale

Ils me saoulent. Tous. Je veux du calme, de l’oubli, du repos. Pourquoi n’omettent-ils pas de me poser des questions ? De me demander si je vais bien ? De me donner des conseils dont je n’ai que faire ?

Quand je sors, je sens leurs regards qui pèsent sur moi, qui m’étudient comme pour déceler ce que je pourrais bien leur cacher, pour tenter de trouver mes failles, tenter de me porter assistance. Ils ne m’entendent pas quand je crie en silence tellement fort que cela en devient assourdissant. Ils n’entendent rien et c’est moi que l’on traite de sourde. Absurde.

Tendresses métisses

Elle

Quand je la vois le matin, mon cœur se serre. Ses yeux se tournent vers moi avec toute la tendresse du monde. Elle est ma force, elle est ma joie, elle est tout ce en quoi je crois.

Ses cheveux noirs sont emmêlés, elle ne les attache quasiment jamais. Je me retiens de faire glisser mes doigts entre ses mèches rebelles plus pour mon plaisir que pour les discipliner. Je préfère la contempler au réveil.

Elle est si belle avec son visage entre la madone italienne et l’indigène des îles. Ses lèvres charnues attirent l’attention, ses pommettes hautes sont un peu rougies par le frottement des draps. Je les envie souvent, ceux-là, de pouvoir la toucher plus que moi.

De ses doigts fins et délicats elle repousse sa crinière rebelle en arrière, découvrant une épaule arrondie à la douce lueur cuivrée comme un fruit mûr et délicieux. La bretelle de sa robe de nuit s’efface, complice taquine, pour me révéler plus de sa beauté.

Sa main recouvre sa bouche légèrement rosée pour soustraire à ma vue le bâillement qui se fait jour. Elle est si discrète.

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ENfumé

La cigarette se consumait au rythme du whisky.

— Pourquoi tu fumes ?

Elle me regarde avec ses yeux vitreux et globuleux comme si elle en avait quelque chose à faire de moi. Pfff ! Qu’est-ce que j’en ai à carrer de ce qu’elle pense ?

Je lui souffle un nuage de volute au visage et fais signe au barman de nous resservir. Il est jeune, ce doit être un étudiant qui a besoin d’argent. Ses pas hésitants se fraient un chemin à travers la salle obscure et enfumée, enjambant les formes noires sur le sol. C’est comique. L’endroit est sombre, glauque à souhait.

Le liquide ambré épouse le verre, se marie, m’appelle. La main qui sert tremble tellement que du breuvage tombe à côté. La fille se raidit et sa respiration s’accélère. La peur. L’homme déglutit bruyamment. Terrorisé.

Je hausse les épaules, élève, puis incline le récipient à ses lèvres alors que le serveur s’éloigne tête basse et dos voûté. Résigné.

— Pourquoi ?

être une femme

Être l’épouse de quelqu’un d’autre vous désigne comme sa femme. Magique n’est-ce pas ? Encore que me définir par rapport à l’autre me semble un peu réducteur. C’est mon avis. Je dois être trop exigeante.

Mais si je ne suis pas mariée, me direz-vous ? Ne suis-je pas une femme malgré tout ? Pas de panique, ce cas est prévu ! Si vous n’êtes pas mariée, vous pouvez être une femme, à condition de réunir deux exigences : être un humain et avoir un sexe féminin. Vous savez de quoi il s’agit ?

Je suis une femme. Pourquoi ? Parce que j’ai vérifié. J’ai les caractéristiques d’un être humain, et j’ai un sexe, qui vu sa taille et son aspect, semble féminin.

Pour autant, je ne suis pas satisfaite. Être une femme s’avère beaucoup plus complexe que cette simple et basique définition. Étudions ensemble la question.

Être une femme :

— C’est grandir en étant protégée par nos parents, notre famille, en ressentant leur inquiétude pour ce qui serait susceptible de nous arriver. Petite, c’est flou, pas clair : on conçoit juste l’émergence d’un problème, un danger que l’on est incapable d’identifier.

Nuage d'amour

Un couple âgé, dans nos campagnes profondes.

— Jacques ?

— Oui ?

— Qu’est-ce que tu fais ?

— Ben je te caresse !?

— Non mais là t’es pas dessus.

— Ah, ben merde !

— T’y es toujours pas…

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LE JASMIN DE SANDRINE

Elle m’a frappé la tête avec la louche. Avec la louche ! J’aurai dû le voir venir ce coup de traître ! J’aurai dû me taire. Ce n’est pas à un vieux singe que l’on apprend à faire des grimaces, m’a-t-elle hurlé, l’écume au bord des lèvres. Un vieux singe : c’est vrai qu’elle y ressemble de plus en plus.

Je lève les yeux sur la pendule qui orne le coin de la pièce. Minuit et une minute. L’heure du crime. Il fait nuit. Il y a une odeur de jasmin dans l’air… c’est ça qui m’a trahi. Sandrine et son jasmin. Elle me manquera. Pourquoi ai-je croisé sa route ? Je voulais juste l’aider. Et puis on a sympathisé. Ses iris avaient la couleur d’un ciel d’hiver sur mon île natale. J’étais bien.

Faits divers

Ce matin, je me suis levée avec la certitude que les choses bougent, que les gens et les mentalités évoluent, que l’espoir est possible, que tout peut changer.

Des années que je tente de me convaincre que les autres peuvent être des amis, qu’il ne faut pas avoir peur de tout et de rien, comme me le martèle ma copine. Des années que je perçois l’écoulement des heures différemment. Depuis que le fils de mon ex m’a traitée de « sale noire » devant lui, sans qu’il ne réagisse assez pour me permettre de me sentir à ma place, ou même protégée. Il a mollement réagi avec un « Ne lui parle pas comme ça. Je ne te demande pas de l’aimer ».

Et moi ? Quelqu’un s’est interrogé pour savoir si j’aimais l’idée d’être là, de subir ce commentaire injurieux, raciste, reflétant une idéologie insidieuse ? Ce gamin n’a que quelques années de moins que moi, mais mentalement, je me sens un siècle de plus que lui. Un siècle de vécu qu’il n’a pas, de brimades qu’il ne connaîtra pas, de remarques qu’il n’entendra pas, de fureur qu’il ne ressentira pas.

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